Devons-nous en attendre un autre?

À force d’utiliser certains mots, on finit par en perdre le sens.  Prenez le mot « patient ».  L’adjectif a une signification qui saute aux yeux : est patiente la personne qui sait attendre avec calme, qui supporte plutôt bien un délai.  Mais le terme est aussi un nom commun, un substantif, comme disent les experts.  Il désigne alors une personne qui se présente dans un établissement pour avoir des soins médicaux.  Et il semble qu’il soit de plus en plus difficile de dissocier les deux sens de ce même mot de nos jours : tous les patients sont patients et parfois bien malgré eux.  Les urgences sont bondées et on annonce une vague d’influenza qui se pointe juste avant la période des Fêtes…

Pour ma part, j’avoue que j’ai beaucoup d’empathie pour le personnel hospitalier.  J’ai l’impression qu’ils passent leurs journées à courir et à faire des compromis sur le temps qu’ils aimeraient consacrer à leurs patients.  J’avoue avoir parfois de la misère à distinguer qui est qui.  On me fait passer dans un petit bureau et j’attends depuis plus de vingt minutes.  Se pointe une personne avec un sarreau.  Je m’imagine que c’est le médecin, mais non, c’est plutôt une infirmière qui vient prendre mes signes vitaux et ma température.  « Êtes-vous médecin? », j’ose lui demander.  Puis arrive enfin le médecin qui m’ausculte et qui me dit qu’un autre va passer me voir pour confirmer son diagnostic.  Une heure plus tard, le médecin-messie arrive et confirme le diagnostic du premier.

Tout va si vite dans notre monde et on ne supporte plus d’attendre.  On klaxonne à qui mieux mieux.  On mange en vitesse.  On a l’impression d’être toujours en retard.  On finit par rater le présent, à toujours conquérir la minute qui suit.  Jésus est venu et plusieurs l’ont raté, pressés qu’ils étaient sans doute d’en finir avec la domination romaine.  Jésus est présent, mais on ne l’entend plus, on ne l’attend plus, pressés que nous sommes de cocher une autre case sur notre liste de choses à faire.  Seigneur, fais-nous le cadeau de t’attendre patiemment en cet Avent! Mt 11, 2-11