À mon grand désarroi de jeune adolescent, mon père faisait un immense jardin chaque année et m’assignait évidemment à certaines tâches passionnantes comme le ramassage des roches et le désherbage... J’avoue avoir tourné les coins ronds à quelques reprises et je suppose que la production a dû s’en ressentir. Je me souviens aussi des heures que nous passions à trier ce que j’appelais les pelures de patates que nous allions planter ensuite. Je trouvais assez miraculeux le fait qu’une seule pelure germée puisse donner un plant qui fournirait des dizaines de patates quelques mois plus tard. La nature est d’une générosité inouïe, mais elle demande toujours un petit effort de notre part.
Et il me semble que la vie est un peu aussi sur ce modèle. Ce qui nous fait grandir exige de la part de ceux et celles qui nous entourent de donner d’eux-mêmes. À bien y penser, ce don de soi est à la base de toute la vie communautaire. Jetons un regard sur nos propres vies et réalisons à quel point nous sommes le fruit de tous ces gestes posés par ceux et celles qui nous ont aimés et qui ont fait passer nos besoins, et parfois même certains de nos caprices, avant leurs propres besoins.
Dans l’évangile de ce cinquième dimanche du Carême, Jésus nous rappelle cette évidence : que mourir à soi donne la vie. Il prépare nos cœurs à accueillir la vie sans fin qu’il nous garantit par sa résurrection qui est le fruit de sa propre mort. Le mot sacrifice n’est plus trop à la mode peut-être parce que le mystère d’amour qui se cache dans la croix du Christ nous scandalise. Mais cette croix est pourtant glorieuse et elle porte beaucoup de fruits parce que Dieu a transformé cette semence en vie éternelle pour chacun d’entre nous. Jn 12, 20-33
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