Les gestes que nous posons ont tous des conséquences. Nous le réalisons de plus en plus. Mais nos bottines ont parfois de la difficulté à suivre nos babines… Nous avons compris que nos comportements individuels et collectifs ont des incidences un peu partout sur la planète. Mais quand la fringale nous prend, le choix de nos aliments se fait le plus souvent en fonction de la rapidité avec laquelle nous aurons notre plat et de ce qu’il nous en coûtera. Il y a en nous une sorte de tension entre ce que nous désirons spontanément et ce que nous souhaitons vraiment à plus long terme pour nous-mêmes et pour ceux qui nous suivent. Or, la vie est ainsi faite qu’il est très facile d’oublier le but que nous poursuivons pour profiter d’un petit plaisir éphémère. Devenir adulte, c’est pourtant devenir de plus en plus libre de faire les bons choix même si ces choix impliquent, dans l’immédiat, des sacrifices.
Nous vivons dans un monde dans lequel la notion de sacrifice a plutôt mauvaise presse. On veut tout et tout de suite. Nous aimons bien satisfaire nos désirs sur le champ et payer plus tard. Bien des aînés nous regardent et sont inquiets devant notre insouciance. La nature nous donne des signes de plus en plus clairs que ce mode de vie nous mène tout droit dans un mur. L’évangile de ce dimanche ne ménage pas ses mots : « Si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la. Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains. » Et de même pour ton pied et pour tes yeux… Mais encore faut-il avoir pour but la vie éternelle. Sinon, aucun de ces sacrifices n’a de sens. Si la vie prend fin avec la mort, à quoi bon se priver dans l’immédiat? Si tout ce qui compte pour nous, c’est ce dont on a envie ici et maintenant, cette page d’évangile n’est qu’un moralisme d’une autre époque.
On l'a vite oublié, mais à notre baptême, nous avons demandé à l'Église la "Vie éternelle". Nos parents ne rêvaient donc pas seulement pour nous de petits plaisirs passagers, mais d'une vie sans fin, pleine et profondément heureuse, une vie bâtie sur la conviction qu'un émondage est souvent nécessaire pour qu'un arbre donne le fruit qu'on attend de lui. Mc 9, 38-43.45.47-48
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