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Confier ses clés

Il y a des jours qu’on n’oublie pas dans notre vie. Parmi ceux-là, le jour où mon père s’est assis du côté passager et m’a tendu les clés de sa voiture est certainement un des moments les plus marquants de mon adolescence. J’avais été cherché mon permis temporaire quelques jours plus tôt. C’était l’époque où les cours de conduite n’étaient pas encore obligatoires. J’étais tendu et je voulais à tout prix ne pas commettre d’erreur. Il faisait un soleil radieux mais pas question d’ouvrir les fenêtres car j’avais peur que le moindre bruit extérieur me distraie. Mon père était sans doute aussi nerveux que je l’étais moi-même, mais il n’a rien laissé paraître. Il savait bien que devenir adulte pour moi passait par ce rite initiatique si important.


L’évangile nous en dit très peu sur l’état d’âme de Pierre quand le Christ lui a confié les clés du Royaume, mais je crois qu’il n’est pas difficile d’imaginer que ce fut un jour d’une intensité inouïe pour lui. Quelle responsabilité! Avec le recul que nous avons aujourd’hui, nous comprenons que cette charge venait avec une aide particulière proportionnée à la grandeur de la mission cachée dans ces clés : l’Esprit-Saint. Le même Esprit qui planait sur les eaux à l’origine des temps et Celui-là même que Pierre et ses confrères allaient recevoir à la Pentecôte.


On s’imagine parfois que la foi est unidirectionnelle : le fidèle qui croit en Dieu. Mais la foi a aussi un autre volet : Dieu qui croit en l’homme et en la femme que nous sommes. Dans le mot confier, il y a le mot foi. Confier, c’est partager ce qu’on a de plus précieux. Le plus grand souhait de Dieu est que tous se sachent profondément aimés de lui et qu’ils désirent être avec lui pour l’éternité. En confiant à Pierre, et à ses successeurs, les clés de ce trésor, il confie à son Église dont nous sommes les pierres vivantes, la mission qui lui tient le plus à cœur: révéler cet amour au monde. Prions pour que nous demeurions à la hauteur de cette confiance. Mt 16, 13-20


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