Il y a quelques années, j’ai changé d’employeur. Les premiers jours dans un nouveau milieu de travail sont toujours un peu insécurisants. Je cherchais à décoder les sous-entendus, à saisir les alliances et les camps divergents tout en m’appropriant de nouvelles fonctions. Je me souviens d’une situation qui a failli me valoir le mépris de bien des collègues. Chez mon ancien employeur, tout le monde travaillait dans son bureau la porte fermée. Question d’efficacité, de concentration et de discrétion. Un employé qui aurait laissé sa porte ouverte aurait été considéré comme brouillon et un peu paresseux. Dans mon nouveau milieu de travail, j’ai fini par comprendre que c’était tout le contraire. Une porte fermée signifiait un employé qui perdait son temps et ne voulait pas être vu dans sa paresse. C’était le signe d’une mentalité individualiste et suffisante qui ne cadrait absolument pas avec les valeurs de l’établissement. J’ai fini par comprendre l’esprit derrière les regards inquiets de mes voisins de bureaux.
Je me demande parfois quel est l’esprit qui caractérise les chrétiens dans notre monde. Au baptême, nous recevons l’Esprit-Saint. Est-ce vraiment une valeur ajoutée à ce que nous sommes? Bref! Le baptême, « qu’ossa donne », comme dirait l’autre? Nous sommes, pour la plupart, baptisés dans l’inconscience la plus totale, conduits là par nos parents. Quelques années plus tard, l’Église vient confirmer ce premier sacrement et tente de nous faire découvrir un peu les dons de l’Esprit-Saint. Dans ces signes sacramentels, l’Église nous lègue un trésor dont nous risquons de ne jamais vraiment saisir la valeur.
Être baptisé, c’est être fils de Dieu, fille de Dieu. C’est se savoir aimé de Dieu comme d’un Père qui est à l’origine même de notre vie et dans les bras de qui nous retournerons pour l’éternité. Traverser la vie sans connaître ni ressentir cet amour inconditionnel et illimité est bien différent de vivre porté par cette conviction profonde. L’Église est cette famille de fils et de filles qui vivent de cet amour qui les unit à un même Père et qui forment un seul corps. Et la tête de ce corps est Jésus-Christ à qui le Père a dit : « tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. » Lc 3, 15-16.21-22
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