On ne sait pas toujours vraiment à qui on s’adresse dans la vie. On connaît si peu de choses de la vie des gens. Combien de fois, quand surgit un événement grave ou tragique dans un quartier et qu’on interroge des voisins du lieu où cela s’est produit, on les entend se dire surpris de ce qui vient de se produire : « un tel semblait pourtant avoir une vie bien rangée. » Il faut des années pour bien connaître les gens parce que chaque personne est un mystère. Certains se révèlent plus que d’autres, mais il reste toujours un aspect secret chez tout être humain.
Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus entre en dialogue avec une femme qu’il croise pour la toute première fois et elle s’étonne que cet homme qu’elle ne connaît pas relate des faits de sa vie qu’il n’est pas censé savoir. Il y a ici un drôle de contraste : une femme qui est en présence du Messie et qui ignore tout du Jésus bien concret qui lui demande à boire et Jésus, en face, qui semble connaître cette femme mieux qu’elle ne se connaît elle-même. Pour bien connaître quelqu’un, ne faut-il pas s’ouvrir à son mystère? Se laisser déranger dans nos préconceptions par ce qu’elle nous communique dans sa sincérité?
Dieu nous a créés extraordinairement différents les uns des autres, dans une unicité renversante. Classer les gens dans des catégories bien établies, c’est risquer fort de ne jamais rencontrer l’autre dans ce qu’il a de plus profond. Le regard que le Christ pose sur chacun et chacune de nous est de cette profondeur. Et il nous appelle aussi à poser le même regard sur lui : ne pas nous contenter de ce qu’on entend à son sujet, mais aller au plus profond de nous-mêmes à sa rencontre. Jn 4, 5-42
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