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Pour vaincre le mal, une femme bénie entre toutes

Suzanne et Pierre sont des amis que nous voyons trop peu souvent. Nous nous sommes connus dans des estrades quand nos fils jouaient au soccer ensemble il y a une bonne dizaine d’années. Avant même la fin du premier match, on s’est mis à parler de notre foi. Je ne me souviens plus du prétexte qui nous a fait tomber sur ce sujet, mais on a vite compris qu’on risquait de s’asseoir ensemble pour une bonne partie de l’été. Ils ont quatre enfants dont l’aînée, Jeanne, est vite devenue le sujet de conversation le plus fréquent. Jeanne avait de sérieux problèmes de consommation et était en Centre jeunesse depuis plusieurs mois déjà quand nous les avons connus. Elle était tombée folle amoureuse d’un petit revendeur de drogue dès ses 15 ans et s’est fait prendre avec de grosses quantités sur elle. Cour de la Jeunesse, détention en Centre et toute la vie qui bascule pour cette famille.


Pierre parlait peu, mais on sentait bien toute sa souffrance qu’il arrivait à contenir en encourageant son fils et en parlant avec passion de son travail. Suzanne n’arrivait jamais à contenir ses larmes. Et dans chacun de ses propos, nous entendions un appel à l’aide. Ils avaient évidemment tout essayé pour maintenir le dialogue avec leur fille et tout tenter pour la convaincre de mettre fin à cette relation. Nous nous sentions nous-mêmes plutôt démunis devant tant de souffrance et nous les avons assurés de notre prière, sachant qu’ils avaient la foi. Nous avons confié cette jeune fille et ses parents à la Vierge sans avoir la moindre idée de ce qu’elle pouvait faire pour eux. Mais nous savions que, face au mal, elle avait déjà lutté elle-même de tout son être et que son cœur de mère ne pouvait pas rester insensible à la douleur ressentie par Suzanne pour sa fille.


Nous avons presque perdu Pierre et Suzanne de vue après cet été-là, notre fils ayant quitté l’équipe pour pratiquer un autre sport. Nous n’avons pas su exactement ce qui s’est passé, mais nous avons appris que Jeanne a fini par compléter son secondaire et a même été diplômée d’une technique d’éducation spécialisée. Elle travaille pour un organisme communautaire du centre-ville et a déjà donné naissance à deux petites filles qui, paraît-il, lui ressemblent comme deux gouttes d’eau. Son nouveau copain travaille lui aussi pour le même organisme.

Peut-être que la Vierge n’y est pour rien. Peut-être que ce sont simplement les ressources du système qui lui ont permis de se reprendre en mains. Mais je suis sûr que dans le cœur de Pierre et de Suzanne, cette victoire sur le mal n’est pas l’effet du hasard. Lc 1, 39-56



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