Il n’y a pas si longtemps, dans nos paroisses du Québec, la dévotion à la Vierge Marie surpassait bien des fois l’honneur voué au Christ lui-même. Nous devons bien admettre aujourd’hui qu’il en est tout autrement. Les fêtes mariales n’ont plus vraiment la cote. On a peut-être mal saisi le rôle de Marie dans notre rapport à Dieu. Je me souviens qu’on me l’ait présentée comme une bonne maman qui pouvait faire plier en quelque sorte son Fils, perçu alors comme ayant d’autres chats à fouetter que mes petits problèmes. C’était une vision peut-être un peu tordue et à tout le moins limitée du rôle de la Mère de Dieu.
Alors, quel pourrait bien être le rôle de la mère du Christ dans l’histoire du salut? « Quand nous la (Marie) prions, nous adhérons avec elle aux desseins du Père, qui envoie son fils pour sauver tous les hommes. Comme le disciple bien-aimé, nous accueillons chez nous la Mère de Jésus, devenue la mère de tous les vivants. Nous pouvons prier avec elle et la prier. La prière de l’Église est comme portée par la prière de Marie. Elle lui est unie dans l’espérance. » (Catéchisme de l’Église catholique, CECC, 1992, no 2679) En fait, Marie prie pour nous très certainement plus que nous ne prierons jamais pour elle. Elle, qui a accompagné son Fils jusqu’à la croix, participe de tout son être au dessein de salut du monde avec Jésus. Elle est la figure même de l’Église que l’Esprit Saint anime et qui trace en nous le chemin du Royaume.
Marie vient mener avec nous le combat de la prière, qui est le combat de la foi, de la charité et de l’espérance. Quand l’épreuve se dresse, quand la souffrance devient insupportable, quand la vie chavire et que la peur et la tristesse nous envahissent, Marie est l’alliée par excellence pour nous aider à garder les yeux fixés sur Jésus-Christ. Prier Marie, c’est toujours prier avec Marie pour que le règne de Dieu arrive. Méditons avec Marie, ces mots du prophète Isaïe en cette fête de Notre-Dame-de-Lourdes :
Seigneur, tu es mon Dieu, je t’exalte, je rends grâce à ton nom, car tu as accompli projets et merveilles, sûrs et stables depuis longtemps. Tu as changé la ville en tas de pierres, la cité fortifiée, en champ de ruines ; la citadelle des étrangers n’est plus une ville, jamais elle ne sera rebâtie : voilà pourquoi un peuple fort reconnaît ta gloire, les cités des nations tyranniques te craignent.
Tu es devenu forteresse pour le faible, forteresse pour le malheureux en sa détresse, un abri contre l’orage, une ombre contre la chaleur : le souffle des tyrans n’est que pluie d’orage sur un mur. Comme une chaleur étouffante sur la terre desséchée, tu étouffes le vacarme des étrangers ; comme faiblit la chaleur à l’ombre d’un nuage, ainsi faiblit le chant de victoire des tyrans.
Le Seigneur de l’univers préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés. Sur cette montagne, il fera disparaître le voile de deuil qui enveloppe tous les peuples et le linceul qui couvre toutes les nations. Il fera disparaître la mort pour toujours. Le Seigneur Dieu essuiera les larmes sur tous les visages, et par toute la terre il effacera l’humiliation de son peuple. Le Seigneur a parlé. Et ce jour-là, on dira : « Voici notre Dieu, en lui nous espérions, et il nous a sauvés ; c’est lui le Seigneur, en lui nous espérions ; exultons, réjouissons-nous : il nous a sauvés ! » Is 25, 1-9
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