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Le salut d'André

André vient de se trouver un emploi deux mois après son quarante-et-unième anniversaire. Malgré la pénurie de main d’œuvre, il n’arrivait pas à obtenir une seule entrevue. Ce n’est pourtant pas son premier emploi, il a été réparateur de machinerie lourde pendant près de douze ans. Mais il a un trou de plus de 70 mois dans son curriculum vitae. André a été inculpé pour négligence criminelle après un drame atroce qui s’est produit il y a un peu plus de six ans. Il a amené deux de ses neveux avec lui à la chasse et l’un d’eux s’est grièvement blessé avec un de ses fusils de chasse qu’il avait négligé de décharger avant de le ranger.


Depuis deux mois, André revit. Son nouveau patron est un jeune entrepreneur en construction qui embauche des ex-détenus et leur redonne une deuxième vie. Une vie qui se savoure plus que la première. Une vie dont chaque jour est un cadeau, chaque repas une fête, chaque rencontre un événement. André revit parce que le regard de cet entrepreneur sur lui atteint le plus profond de son être. Sa vie ne se résume plus à ce drame. En fait, pour André, la vraie vie commence à peine. Avant, il vivotait dans une routine bien installée avec ses petites joies et ses petites peines sans trop réaliser la valeur des personnes qui l’entouraient. Cet emploi vient sceller le pardon qu’il n’était toujours pas encore parvenu à se donner.


L’histoire de Zachée chez qui Jésus s’invite à manger met la lumière sur la puissance transformatrice de la miséricorde. Non pas une miséricorde qui minimise le mal ou qui le nie, mais un regard qui voit, au-delà de la faute commise, la personne elle-même dans tout son mystère et qui lui reconnaît sa valeur infinie. Dans le langage de l’Église, on parle du « salut ».De ce qui nous sauve tous du jugement, d’une condamnation qui n’a pas de fin et qui tue tout espoir de changement, de conversion. Et ce regard salutaire, Jésus le pose si souvent sur ses contemporains et nous appelle à le poser à notre tour comme son Père l’a déjà posé tant de fois sur chacun de nous. Lc 19, 1-10


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