On a beaucoup réduit l’amour à l’affection que l’on ressent spontanément pour certains êtres. On aime ou pas certaines peintures. On adore ou on déteste certains types de musique. On aime ou pas le style de jeu de certains athlètes. C’est assez naturel d’avoir chacun ses préférences. Cette affection ou son contraire, une certaine répulsion, a aussi pour objet les personnes. On aime ou pas tel ou tel autre individu. Mais aimer ne se résume pas à être attiré par une personne. L’attraction n’est que le prélude au véritable amour qui est autre chose que ce sentiment impulsif. Le véritable amour dure au-delà du sentiment. Saint Paul nous le décrit d’une manière très concrète dans sa première lettre aux Corinthiens : « L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; il ne fait rien d’inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne passera jamais. »
Cet amour-là traverse bien des épreuves. N’est-ce pas de cette manière que nous rêvons tous et toutes d’être aimés? Et c’est de cet amour-là que Dieu nous aime. D’un amour qui ne se dégonfle pas à notre premier faux pas. D’un amour qui donne sans rien attendre en retour et qui excuse tout. Dieu nous a aimés jusqu’à ce point, quand nous l’avons ignoré, quand nous avons fait à notre tête, quand nous avons fait fi de sa volonté, quand nous avons eu honte de lui, quand nous l’avons trahi, quand nous avons été son ennemi.
Et ce même Dieu nous invite à aimer à notre tour de cette manière, avec le même Esprit, tous ceux et celles que nous côtoyons, y compris ceux et celles qui nous font du mal. Il ne s’agit pas ici de feindre une affection pour nos ennemis et encore moins d’être hypocrite. Il est question de puiser à même l’amour dont Dieu nous aime le désir de voir l’autre heureux et libéré du mal qui le ronge. Aimer l’ennemi, ce n’est pas nier le mal qu’il a commis, mais c’est aller au-delà de ce mal, appuyé sur celui qui a pris sur lui tous les péchés du monde. Mt 5, 38-48
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