Un martien qui débarquerait ici, lirait les journaux ou scruterait les réseaux sociaux, pourrait penser que nous sommes des êtres particulièrement soucieux de justice. On dénonce le mal, on poursuit les fautifs et derrière cette justice, il y a souvent une conviction profonde : éliminons ceux qui commettent le mal et nous serons enfin heureux. 2000 ans de christianisme n’auront donc pas suffi à nous faire prendre conscience que le monde ne se sépare pas entre bons et méchants. Que la bonté et le mal se mêlent souvent dans le cœur des personnes. En éliminant le mauvais, on risque fort d’éliminer le bon du même coup. On réduit aussi immanquablement la personne au geste qu’elle a commis. On érige des statues rapidement pour les actes de bravoure, on aime à penser que nos héros sont impeccables et infaillibles. On canonise et on diabolise assez rapidement. Les nuances n’ont pas bonne presse.
Et pourtant, au fond de nous-mêmes, nous savons bien que nous ne sommes pas parfaits, que nos intentions ne sont pas toujours si pures et désintéressées, que si tous pouvaient lire le fond de notre âme, nous nous ferions bien petits et pauvres, que nous correspondons rarement à l’idole que nous projetons de nous-mêmes publiquement. Le Christ, qui nous connait mieux que nous-mêmes, sait tout cela. Il sait aussi que l’Esprit-Saint peut nous venir en aide, nous convertir, nous ramener sur la bonne route. Passer de la loi du talion à l’évangile, c’est aussi admettre que nous devrions être jugés avec la même mesure que nous avons jugé les autres. La miséricorde et le pardon ne sont pas des options de luxe pour les chrétiens, ce sont les conditions pour être sauvés.
« Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. »
Laisser pousser l’ivraie avec le bon grain, c’est permettre à Dieu de purifier en nous ce qui doit l’être, à son rythme et à son heure. C’est aussi humblement reconnaître qu’en nous, il y a ce combat du bien et mal et que seul l’Esprit-Saint peut faire de nous de véritables bons grains. Mt 13, 24-43
Comments