Nous allons célébrer Noël dans quelques jours. Nous allons probablement dépasser un peu les limites, laisser aller notre cœur et mettre toutes nos énergies pour accueillir ceux et celles que nous aimons. Nous oublierons nos petits et grands malheurs le temps de nous retrouver pour célébrer les meilleurs moments. Nous oublierons possiblement ce qui est la cause première de nos réjouissances : Dieu qui est venu dans notre monde pour se révéler à tous, aux plus petits comme aux plus grands. Avant qu’il ne vienne, on se faisait toutes sortes d’idées à son sujet, mais bien peu s’imaginaient qu’il puisse se faire si petit, si discret. Bien peu avaient soupçonné qu’il se fasse si proche des laissés-pour-compte et de ceux et celles que l’on pointait du doigt et que Dieu en personne soit traité comme le pire des criminels. Dans le brou-ha-ha des Fêtes, il est bon de se retirer un moment pour méditer ce mystère de l’Incarnation. Je suis tombé sur ce vieux sermon d’un moine cistercien du Moyen Âge qui peut nous aider à réaliser que si nous sentons parfois si peu la présence de Dieu dans nos vies, c’est peut-être que nous avons perdu contact avec nos propres faiblesses, car c’est là d’abord où Dieu semble trouver le meilleur espace pour nous rencontrer.
Voici : une vierge concevra. Et elle enfantera un fils. Et on lui donnera le nom d’Emmanuel qui se traduit « Dieu avec nous ». Oui, Dieu-avec-nous! Jusqu’alors, « Dieu-au-dessus-de-nous », « Dieu-en-face-de-nous »; mais aujourd’hui c’est « Emmanuel ! » Aujourd’hui, c’est « Dieu-avec-nous » dans notre nature, avec nous dans sa grâce. Avec nous dans notre faiblesse, avec nous dans sa bénignité. Avec nous dans notre misère, avec nous dans sa miséricorde. Avec nous par amour, avec nous par lien de famille, avec nous par tendresse, avec nous par compassion. Comment peut-il être davantage avec moi? Petit comme moi, faible comme moi, nu comme moi, pauvre comme moi. Il est descendu aujourd’hui, cet homme si grand, ce prophète puissant en œuvres et en paroles. Il a posé sa face sur ma face, sa bouche sur ma bouche, ses mains sur mes mains, et il s’est fait Emmanuel, Dieu-avec-nous! Que la joie de Noël remplisse notre coeur et qu'elle suscite en nous le même amour que Dieu a pour tous les hommes et toutes les femmes de la terre. Tiré d’un sermon d’AElred de Rielviaux pour l’Annonciation, 12e siècle
