Manger froid
- Édouard Malenfant, dir

- 2 oct.
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Maman est décédée à l’âge vénérable de 97 ans il y a quelques années. Dans les dernières années de sa vie, elle a vécu avec nous. Ce fut un grand privilège pour ma famille, pour mes enfants, d’avoir accès à presque un siècle d’histoire dans ce qu’elle pouvait nous raconter. Je me souviens d’une conversation avec elle sur un sujet particulièrement délicat : le service des repas. Elle a toujours trouvé curieux que nous disposions les plats sur la table et que chacun se serve lui-même à tour de rôle. Elle avait connu un autre régime : ma grand-mère servait tout le monde et mangeait souvent froid. À son tour, elle a fait de même. J’avais l’impression que cela avait dû être vécu comme une injustice. Mais pour elle, c’était tout le contraire. C’était servir jusqu’au bout et le service était le sens même de sa vie. Quand tout le monde était à table et appréciait la nourriture qu’elle avait préparée, elle avait sa récompense.
À bien y penser, ce sentiment de satisfaction vient souvent après un service qu’on a rendu sans rien attendre en retour. Sans rien enlever à la valeur de la reconnaissance et de la gratitude, il y a dans le don gratuit quelque chose de profondément épanouissant. On apprécie les personnes qui ne calculent pas, qui aident sans compter, qui ne s’en tiennent pas à leur stricte définition de tâche. Ce petit plus qui fait toute la différence est une marque d’amour, est cet amour qui est plus grand que le simple devoir, que la simple justice.
C’est à cet amour que Jésus nous appelle dans l’évangile de ce dimanche. L’amour qui prend la forme du service gratuit et discret pour l’autre à qui nous accordons vraiment de l’importance. C’est cet amour qui tisse le Royaume que le Christ est venu établir parmi nous. Lc 17, 5-10





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