Mon père adorait les westerns. Dans les cinq premières minutes du film, les personnages étaient déjà bien campés. Il y avait le méchant, barbe mal rasée, parfois avec une cicatrice au visage et la sueur qui perlait sur le front sous son chapeau. Puis surgissait le bon justicier, au talent de tireur hors du commun, au regard clair et perçant. Et le bon finissait toujours par se tirer d’affaires et vengeait violemment les victimes du méchant. Mais la vie est parfois un peu plus nuancée que dans les films.
Nos sociétés ont hérité de 2000 ans de christianisme d’une justice qui ne réduit plus les personnes aux gestes qu’elles posent, mais considère qu’il y a généralement moyen de réhabiliter un individu qui a commis une faute et même un crime. Derrière cette conception de la justice, il y a la conviction que dans tout être humain, il n’y a pas que du mauvais et qu’il est possible de corriger des trajectoires malsaines dans l’histoire des personnes. Malgré certains relents de condamnations publiques qui circulent sur les réseaux sociaux, dès que nous nous regardons un peu sérieusement dans un miroir, on doit bien admettre qu’il nous arrive de faire le mal que nous ne voudrions pas faire et d’être incapable de faire le bien que nous voudrions accomplir. Les plus dangereux sont peut-être ceux et celles qui n’osent pas vraiment se regarder en profondeur.
Le Christ nous invite dans l’évangile de ce dimanche à nous méfier du regard que nous portons sur les autres et sur nous-mêmes. Il est le seul juge qui peut voir en profondeur ce qu’il y a au fond de nos cœurs, et la bonne nouvelle est que sa justice est tout empreinte de miséricorde pour ceux et celles qui accueillent humblement les leçons qu’il nous prodigue. Lc 13, 22-30
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