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Aimer ses proches

On peut vivre longtemps en nous illusionnant sur nos capacités d’aimer. Je me demande bien quelle est la définition de l’amour de celui qui dit : « Moi, j’aime tout le monde. » Si aimer tout le monde, c’est avoir de belles pensées à l’égard des autres ou ne pas avoir de chicane avec personne, c’est peut-être possible. Mais le Christ semble bien avoir donné un tout autre sens à ce mot si galvaudé à travers les siècles. Au docteur de la Loi qui le questionne sur l’essentiel de la Loi, il lui fournit une réponse qui nous fait tous et toutes atterrir avec l’exemple de cet homme battu et abandonné au bord de la route que des spécialistes de la Loi ignorent et évitent.


L’amour chrétien n’est pas qu'une belle pensée ou de beaux mots. L’amour est un souci permanent des besoins de l’autre qui se manifeste par des gestes concrets. Et l’autre est précisément celui ou celle qu’on pense pouvoir ignorer, le pauvre en premier, le petit, celui dont on se méfie, celui qui nous rebute, celui qui nous effraie même parfois. Le « prochain » dont il est question dans l’évangile est précisément celui ou celle que Dieu place « proche » et qu’on préférerait « loin » parce qu’il ou elle met en évidence notre incapacité humaine à « aimer tout le monde ».


En fait, l’expérience chrétienne nous montre que tant que nous n’avons pas vu notre propre petitesse, nos propres écorchures, il nous est très difficile de considérer sérieusement celles des autres. Et pour plonger notre regard jusque-là en nous-mêmes sans fuir et sans désespérer, il nous faut faire l’expérience du regard de Dieu sur nous et nos pauvretés et se découvrir profondément aimés tels que nous sommes vraiment et non pas tels que nous préférons nous montrer aux autres. Aimer, c’est peut-être d’abord accueillir l’amour que Dieu a pour nous; un amour qui est si grand qu’il est impossible de le garder pour soi.

Lc 10, 25-37



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