Les mots s’usent. À force de les employer, ils finissent parfois par prendre des sens équivoques. Il n’est pas inutile de temps à autre de se rappeler le sens original des mots. Chez nos adolescents, ce phénomène est même plutôt commun : « malade » peut vouloir dire dans leur bouche qu’un concert était fabuleux, par exemple. Il faut avoir le bon décodeur ou être attentif au contexte pour bien saisir ce qu’on veut nous communiquer.
Dans l’évangile de ce jour, Jésus nous dit : « Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime. » Combien de fois entend-on : « Moi, j’aime tout le monde! »? Et quand on creuse un peu, on se rend compte que c’est un peu plus compliqué que cela. Que veux-tu dire au juste par « aimer »? Ne pas faire de mal à l’autre? Comment peux-tu affirmer que tu aimes celui ou celle dont tu ignores toute souffrance? Comment peux-tu dire que tu aimes celui ou celle auprès de qui tu ne t’es jamais arrêté? À un moment crucial, le Christ demandera à Pierre qui l’avait renié : « m’aimes-tu? », par trois fois. Tu crois vraiment que tu m’aimes?, semble insister Jésus. Alors, si vraiment tu m’aimes, tes pas doivent suivre tes paroles. Sans quoi, tu ne sais pas vraiment ce que tu dis ou tu mens.
Garder les commandements n’est pas si facile dans un monde qui se réfère de moins en moins à la morale chrétienne pour discerner le bien du mal. Il faut choisir bien souvent entre taire ce que l’on sait être vrai pour conserver un minimum de crédit auprès des autres et parler en risquant de passer pour être d’un autre temps. Aimer ne se réduit pas à avoir de beaux sentiments à l’égard de quelqu’un quand tout va bien pour lui et que l’on tire profit de sa présence. Aimer c’est s’engager pour l’autre, avec l’autre et lui demeurer fidèle surtout dans les temps où il en a le plus besoin. C’est comme cela que Jésus nous aime, c’est pour lui ce qu’aimer veut dire. Jn 14, 15-21
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