Le vrai portrait de son père

Mon père était le plus jeune d’une famille de seize enfants et j’ai conséquemment une bonne quarantaine de cousins et cousines beaucoup plus âgés que moi dont plusieurs que je n’ai croisés pour la première fois qu’une fois presqu’adulte à l’occasion des funérailles du plus vieux de mes oncles.  À cette occasion, les cousins qui m’ont vu pour la première fois se sont à peu près tous exclamé : « C’est le vrai portrait de son père! ».  Je n’avais pas moi-même remarqué jusque-là à quel point j’avais des traits en commun avec lui.  Surtout qu’à la fin de l’adolescence, je cherchais davantage à m’en distinguer qu’à lui ressembler.

Mais plus les années passent, plus je constate que j’ai beaucoup plus en commun avec lui que je ne l’imaginais.  Non seulement physiquement, mais aussi dans mes réactions primaires et ma sensibilité.  Et je fais le même constat pour mes propres fils qui, heureusement pour eux, ont aussi hérité des traits les plus nobles de leur maman.

Je ne suis pas certain d’avoir bien saisi le mystère de la Sainte Trinité que nous célébrons en ce dimanche.  Mais je crois que Jésus est venu nous révéler Dieu mieux que tous les autres n’avaient pu le faire avant lui.  « Qui me voit, voit le Père ».  Qui voit aller Jésus-Christ connaît désormais ce Dieu-amour dont le visage est devenu si concret.  Et la petite voix à l’intérieur de nous qui nous confirme cette ressemblance n’est-elle pas celle de l’Esprit-Saint qui ne cesse de nous convaincre que le Père lui-même veut faire de nous ses filles et ses fils qui lui ressemblent.  Jn 16, 12-15