Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé; il pourra entrer; il pourra sortir et trouver un pâturage. Jn 10, 9
J’imagine nos aînés, confinés et reclus, entendre une Parole comme celle-ci et se demander si Dieu n’est pas un tantinet cynique. Eux qui voudraient tant pouvoir « entrer et sortir » et accéder à un peu de verdure pour y prendre une marche avec leurs proches. Ils savent sans doute mieux que quiconque la valeur de la liberté dont ils sont actuellement privés et dont le confinement est précisément l’opposé. Nous sommes créés pour être libres. Cette liberté est d’ailleurs inscrite dans toutes les chartes des pays civilisés et enchassée dans la plupart des constitutions dont la nôtre.
Le Bon berger appelle ses brebis et elles l’écoutent. Elles répondent par l’action à la voix bienveillante qui les interpelle, qui les rassemble. Être privé de la liberté de répondre et de se rassembler n’est pas rien. C’est contre nature. Je ne sais pas combien de temps il sera nécessaire de rester ainsi séparés les uns des autres physiquement. Mais je suis persuadé que cela laissera des traces profondes dans nos âmes. On peut être privé de lumière un certain temps sans trop de dommages. On peut aussi jeûner ou être privé de nourriture pour quelques heures, peut-être même quelques jours, sans défaillir. Mais l’isolement qui s’impose actuellement n’a rien de comparable.
Certes, la vie de tant de personnes est en jeu. L’ennemi est impitoyable et menaçant. Pas question de baisser la garde. Il faut néanmoins trouver rapidement des moyens de reconnecter les personnes les plus vulnérables avec leurs proches. L’adaptation dont l’être humain a su faire preuve jusqu’à ce jour à travers l’histoire nous permet d’espérer que nous puissions inventer ces modalités de rencontres sans risques de contagion. Si on arrive à parler à des prisonniers à travers des vitres, il me semble que nous pourrions trouver les moyens de permettre de tels rapprochements avec toutes les précautions qui s’imposent et sans faire entrer le loup dans la bergerie. Agoniser seul, même guérir seul, est une injustice.
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