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Une raison de se réjouir

La première fois que j’ai fait du ski de fond, celui qui m’y a initié ne m’a jamais indiqué quelle serait la longueur du trajet que nous allions parcourir.  Moi qui avais passé mes hivers d’enfance à glisser dans les côtes abruptes de la campagne et à patiner sur des rivières bosselées, je croyais que je maîtriserais ce sport de pépère aisément.  Après le premier kilomètre, je me suis effondré d’épuisement ayant forcé maladroitement de tous les muscles inutiles à la propulsion sans autre technique que l’orgueil de suivre mon mentor.  Quand il m’a annoncé que, dans cette piste de débutant, il restait encore sept autres kilomètres à parcourir, j’ai osé lui demander si nous pourrions nous arrêter à mi-chemin, question de reprendre notre souffle.  Intérieurement, j’espérais seulement que nous retournions au chalet à la première occasion.


Au troisième dimanche de l’Avent, il y a comme un arrêt sur la piste, on allume la bougie rose de la couronne, symbole de la joie, et les Paroles nous incitent à la louange davantage qu’à l’intériorisation.  On y chante le Magnificat, cette exultation de la Vierge Marie qui se réjouit que le Seigneur se soit penché sur elle et sur son peuple pour y dépêcher le Sauveur.  On sent dans ce cantique que cette conviction de la venue du Christ est comme un jet de lumière dans des temps très sombres.  Ne sommes-nous pas dans un état semblable à quelques jours de Noël?  Des conflits de travail qui se prolongent, des guerres dont on n’envisage plus d’issue, des familles de plus en plus nombreuses à devoir faire appel à de l’aide alimentaire, des hôpitaux qui débordent et l’itinérance qui gagne toujours un peu plus de terrain : autant d’éléments qui creusent en nous le désespoir.


Où Dieu se cache-t-il donc?  La Bonne nouvelle, c’est qu’il vient justement.  Il prend chair pour s’attaquer au mal qui nous ronge.  Il prend chair aujourd’hui dans un corps concret qui est l’Église envoyée au monde pour répondre au mal par le bien, pour défendre les plus vulnérables, pour semer la paix.  Voilà un moment propice, au milieu de ce parcours qu’est l’Avent, pour nous rappeler qu’au bout de la piste, quelqu’un nous attend et qu’il a même tracé la piste pour nous. Jn 1, 6-8.19-28


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