Une étoile dans la nuit

J’ai passé une bonne partie de mon enfance à craindre le noir.  Je mettais un temps fou à m’endormir chaque nuit, je me chantais des chansons dans ma tête et je fixais le ciel à travers la fenêtre de ma chambre pour espérer y déceler quelque astre lumineux pour alléger le poids de l’obscurité qui m'oppressait.  J’avoue qu’aujourd’hui encore je ne suis pas très brave quand je me retrouve en forêt en pleine nuit.  Je cherche toujours cette lumière.  Cette peur m’aide cependant à mieux comprendre les angoisses de mes proches.  La lumière nous indique une issue à nos problèmes.  L’obscurité nous paralyse parfois et nous empêche d’avancer.  Dans le noir, tout se transforme en danger, en ennemi; l’autre devient, sans même qu'on le veuille, une menace.

On ne réalise pas suffisamment à quel point la lumière a un pouvoir immense sur notre bonheur.  Quand on y pense, on a beau avoir la meilleure vision possible, sans lumière tout un pan de la réalité nous échappe.  Pas étonnant que la lumière soit l’image la plus utilisée pour décrire la vérité et la connaissance.  Ce n’est peut-être pas un hasard non plus si l’Église a fait le choix de célébrer la naissance de Jésus autour du solstice d’hiver.  Toute l’histoire du Salut est profondément marquée par la lumière : de la création à la résurrection.

La fête de l’Épiphanie du Seigneur que nous célébrons ce dimanche est tout empreinte de lumière.  Celle d’une étoile qui guide les mages vers la crèche et celle de cet Enfant-Dieu qui vient jeter une lumière dans nos ténèbres, donner un sens à nos souffrances et une direction à nos vies.  Et la bonne nouvelle est que cette lumière est aujourd’hui portée au monde par tous ceux et celles qui l’ont d'abord accueillie, parce qu’il suffit d’une toute petite flamme pour chasser la nuit, si opaque soit-elle. Mt 2, 1-12