Beaucoup de bonnes choses ont été dites et écrites sur le pardon. Mais j’ose penser que l’évangile de ce dimanche est certainement le propos qui m’a le plus éclairé à ce jour. S’il est si difficile de pardonner, c’est peut-être que la blessure que le mal commis à notre égard nous inflige est parfois si intense qu’elle nous cache une blessure plus profonde encore : celle que le mal que nous commettons nous-mêmes nous apporte. Nous avons tous et toutes besoin d’être pardonnés, besoin de ne pas être réduit à la faute que nous avons commise. Parce que la vérité est justement que nous sommes tous et toutes incapables d’être toujours aussi bons que nous le voudrions. C’est notre condition humaine, capable du meilleur et du pire.
Mais tant que nous n’avons pas pris conscience de nos propres limites, il nous est impossible de considérer celles des autres. Tant que nous demeurons aveugles sur tout le mal qu’on nous pardonne, il nous est très difficile de pardonner. Le pardon n’est pas la négation du mal, mais un acte délibéré et lucide qui refuse que le mal commis anéantisse une relation. L’absence de pardon, c’est la rancune, la vengeance et la haine. Le mal trouve souvent sa source dans l’injustice qui est toujours une utilisation de l’autre à ses propres fins. C’est ainsi que se propagent, parfois même de générations en générations, des conflits et des guerres parce qu’on est incapable de pardonner et que la seule issue devient alors la revanche.
Le pardon est un don. Le don d’un regard humble sur nos propres faiblesses. Un regard qui nous permet de regarder l’autre comme un autre soi-même plutôt que comme un ennemi. Le pardon est le seul moyen de briser la chaîne du mal, en répondant au mal par la bienveillance et la miséricorde. C’est l’Esprit du Christ en croix qui a pris sur Lui tous le mal commis et qui nous a révélé avec tant de force que rien ne pouvait plus nous séparer de l’amour du Père. Mt 18, 21-25
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