Le christianisme est tout autre chose qu’un recueil de belles pensées à retenir. Rien de plus concret qu’un mort qui ressuscite. Parlez-en aux apôtres qui en furent témoins au prix de leur propre vie. Mais quand on aborde le sujet de la foi ou de la religion aujourd’hui, on a l’impression qu’il y a un certain malaise qui s’installe d’emblée. Les enquêtes des dernières années sur le rapport à la religion de nos contemporains nous révèlent que nous définissons la religion le plus souvent comme une croyance assez abstraite d’une part, associée à des règles morales assez contraignantes d’autre part. On cherche aussi à dissocier de plus en plus la foi de l’Église-institution face à laquelle on entretient assez majoritairement un jugement plutôt sévère. Enfin, la foi apparaît comme une affaire très personnelle et non plus communautaire. Comment en est-on arrivé là?
La résurrection est un fait historique et comme pour tous les autres faits de l’histoire, elle n’est démontrable que pour ceux et celles qui en ont été témoins. Croire c’est d’abord se fier à ces témoins qui disent avoir vu, entendu et touché Jésus après qu’il fut mort et enterré. Ils auraient même mangé avec lui.
Hallucinations collectives? Peut-être. Mais au-delà des paroles de ces apôtres, il y a toute leur vie qui témoigne que cette « hallucination » a tout changé pour eux et pour beaucoup de personnes autour d’eux. Des hommes d’une simplicité déconcertante deviennent, du jour au lendemain, des leaders incontestables. Et autour d’eux se forment des communautés avec des comportements radicalement démarqués des citoyens de leur époque. Ce qu’ils racontent, ce qu’ils annoncent, est plus qu’un récit extraordinaire, c’est une nouvelle qui change tout : la mort n’a pas le dernier mot. Ce que cet homme, qui est mort est ressuscité, est venu nous révéler c’est que l’auteur de notre vie, Dieu lui-même, nous aime comme ses propres fils et ses propres filles, d’un amour qui n’a aucune limite, sur lequel le mal et la mort n’ont aucun pouvoir.
Se savoir aimé de cette manière peut changer déjà pas mal de chose dans notre manière de vivre. L’expérimenter dans sa chair, faire l’expérience d’être aimé malgré nos plus affreuses bêtises est le début de la foi. Non pas une croyance vague de laquelle on se dissocie à la première menace. Une foi qu’on ne peut nous arracher parce qu’elle est enracinée au plus profond de notre âme et qu’elle nous définit tout entier. La foi ne se range pas dans un tiroir de notre tête comme une théorie si intéressante soit-elle. Elle nous entraîne sur les pas du Christ vers les plus pauvres et nous met en communion les uns avec les autres dans une Église qui est le corps concret de ce même Jésus ressuscité.
Quelle est cette foi sans les œuvres? Quelle est cette foi qui nous isolerait les uns des autres? Quelle est cette foi qui nous replierait chacun dans notre petit confort douillet quand le reste du corps du Christ crie famine et supporte violence et oppression? Quelle est cette foi qui se tairait quand la mort semble triompher? Quand le mensonge et l’injustice se répandent? Lc 24, 35-48
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