Nous cultivons un curieux rapport avec la nourriture. Il me semble que c’est devenu un sujet de conversation quasi aussi populaire que la température depuis quelques temps. Les livres de recettes se vendent comme des petits pains chauds… Les émissions de cuisine ont des cotes d’écoute inimaginables et les sites web sur le sujet se multiplient de façon exponentielle. Nous sommes plutôt obsédés par la nourriture. On se soucie de plus en plus de la qualité de ce que l’on mange et de la provenance des aliments. Les dernières modifications au guide alimentaire canadien ont provoqué un véritable séisme chez les agriculteurs. Toutes ces préoccupations témoignent de la place que nous accordons à cette fonction vitale : manger.
Pendant ce temps, le dernier rapport conjoint de la FAO et de l’Unicef, L’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, publié il y a quelques jours à peine, nous indique que « près de 690 millions de personnes ont souffert de la faim en 2019, soit une augmentation de 10 millions par rapport à 2018, et de près de 60 millions en cinq ans. » Le rapport insiste sur le fait que c’est l’organisation même des systèmes économiques qui régissent la production et la distribution de la nourriture qu’il faut réformer pour inverser cette triste tendance. On réalise de plus en plus clairement que le problème de la faim dans le monde est beaucoup plus un problème d’égoïsme que de manque de ressources.
Dans le récit de la multiplication des pains chez Matthieu, c’eut été plus facile pour Jésus de retourner les gens chez eux en jugeant qu’ils n’avaient qu’à apporter chacun sa propre nourriture pour ne pas se retrouver aussi mal pris. Mais il a d’abord demandé à ses disciples d’offrir ce qu’ils avaient eux-mêmes avec eux sachant que la faim ne peut se résoudre qu’avec cette ouverture dans le cœur des hommes. Le vrai miracle c’est là qu’il s’opère. Quand nous réalisons que nous ne sommes vivants que parce que d'autres nous ont donné gratuitement à manger. Mt 14, 13-21
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