Je me souviens que mon entrée à l’école a été particulièrement marquée par le système de mérites. C’était l’époque où on affichait les résultats de tous les élèves. L’enseignante ne se gênait pas pour exprimer ses jugements personnels sur les capacités des moins doués. J’ai souvent éprouvé un malaise à voir ainsi plusieurs de mes amis de récréations se faire abaisser publiquement et je sentais bien que ces moyens avaient rarement l’effet escompté d’améliorer les résultats de ces pauvres enfants qui fournissaient souvent le double d’efforts des plus doués pour atteindre à peine la moyenne. Je me souviens aussi d’un garçon bien discret, assis à l’arrière de la classe, plutôt timide. Je me suis retrouvé en équipe quelques fois avec lui et je le trouvais vraiment généreux car il savait m’aider sans se montrer supérieur et surtout sans mépriser mes incompréhensions. J’ai appris récemment qu’il a fait une brillante carrière en génie aérospatial et qu’il a même fait partie des équipes de préparation aux missions exploratoires d’astrophysique.
Il n’était pas le meilleur aux sports, mais c’était un co-équipier très agréable, toujours prêt à aider et il savait accueillir les conseils si humblement. Quelle belle qualité que l’humilité! C’est une attitude qui ouvre sur les autres et qui permet d’accéder à tant d’univers de savoirs et d’amitiés. Rien de plus désagréable, en revanche, que ceux qui pensent tout savoir dans tous les domaines et qui étalent leur moindre petit exploit. En général, ils parlent plus qu’ils n’écoutent, bien qu’ils aient comme tout le monde deux oreilles et une seule bouche…
Le Christ aurait pu profiter de ses pouvoirs divins pour nous forcer à croire. Il a plutôt choisi de se faire petit, de naître dans une famille toute simple, de vivre toutes les étapes de la croissance humaine et de prendre la toute dernière place, celle des rejetés, des méprisés, sur la croix. C’est de cette place que son Père l’a appelé à siéger à sa droite. « Mon fils, accomplis toute chose dans l’humilité, et tu seras aimé plus qu’un bienfaiteur », nous dit si bien Ben Sirac. Lc 4, 1.7-14
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