Je suis souvent surpris d’écouter certaines conversations dans les lieux publics. Il suffit de prendre place dans un petit resto pour être envahi par des conversations parfois plutôt distrayantes. Pas besoin d’être très attentif pour avoir droit à des jugements catégoriques sur tel politicien ou sur tel beau-frère. Avec un verre ou deux, les opinions se corsent souvent. Un peu comme c’est le cas sur les réseaux sociaux, je me demande si tous ces jugements seraient exprimés avec si peu de nuances en présence des personnes qui en font l’objet.
Il est facile de tomber dans une interprétation manichéenne du monde où il y a les bons d’un côté et les méchants de l’autre. C’est méconnaître la nature humaine que de s’imaginer une coupure aussi nette entre le bien et le mal. La réalité est beaucoup plus complexe que cela. L’évangile nous enseigne que le cœur de l’homme est blessé et qu’on y retrouve à la fois du bon et du moins bon. Il faut parcourir la vie de ceux et de celles que l’Église nous propose comme modèles pour y découvrir des personnes qui étaient généralement très conscientes de ne pas être du tout à la hauteur des grâces qu’elles avaient reçues.
Le champ dont il est question dans l’évangile de ce dimanche et dans lequel pousse à la fois le bon grain et l’ivraie pourrait bien être notre propre cœur. Le seul qui peut vraiment en déceler les intentions profondes est Dieu lui-même. Mieux encore, il peut même tirer du bien de nos plus lamentables bêtises par pure miséricorde. Et peut-être que l’ivraie qui doit en être extraite pour que nous accédions au Royaume est d’abord le jugement que nous portons les uns sur les autres. C’est sans doute cette paille qui devra être brûlée au feu de l’amour divin le moment venu pour que ne subsiste que le bon grain de la bienveillance et de l’indulgence dans la demeure de Dieu. Mt 13, 24-43
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